LA DEMARCHE ARTISTIQUE

Depuis sa création en 2021, la Compagnie Topèng explore les liens entre traditions et modernité à travers la danse, les arts du masque et du geste. Les esthétiques se rencontrent dans une écriture scénique hybride, où le corps devient le lieu de passage entre le quotidien et le monde de l’illusion.

Joanna Belloni développe une démarche centrée sur la rencontre entre danse contemporaine, danses traditionnelles et théâtre gestuel. Formée au croisement de ces disciplines et nourrie par sa pratique du Topèng (danse masquée balinaise), elle conçoit le masque comme un dispositif de transformation qui agit autant sur le mouvement que sur la perception du spectateur.

Cette recherche conduit à déplacer les frontières disciplinaires : la danse se charge d’une dimension dramatique, tandis que le théâtre gestuel s’ouvre à une écriture chorégraphique sensible. Le corps, parfois masqué, parfois nu de tout accessoire, devient le support d’une dramaturgie où l’intime dialogue avec la mémoire collective.

La démarche ne vise ni la narration verbale ni la virtuosité technique, mais la qualité de présence et la densité du mouvement. Dans cette perspective, le masque, la danse et le geste constituent les outils d’un langage scénique commun, au service d’une écriture de la transformation.

Sa recherche chorégraphique s’appuie sur plusieurs axes concrets :

Mémoire incarnée : interroger le corps comme archive vivante, traversée d’héritages et de strates culturelles.

Improvisation dirigée : générer des partitions chorégraphiques poreuses aux espaces, aux rythmes intérieurs et à la respiration collective.

Masque et métamorphose : utiliser le masque comme catalyseur de transformations identitaires et sociales.

Hybridation : fusionner danse contemporaine, geste en mouvement et arts traditionnels masqués dans une écriture scénique organique.

L’improvisation y occupe une place centrale. Elle permet d’explorer les zones d’ombre, les silences et les résistances du corps, avant de les cristalliser en composition scénique. Le corps n’exécute pas un mouvement imposé: il génère son propre vocabulaire, guidé par ses contraintes, ses élans et ses mémoires.

À travers ce croisement, Joanna Belloni développe une écriture chorégraphique singulière à la fois incarnée et métamorphique : l’ancrage du théâtre gestuel donne densité au mouvement, tandis que la danse en déploie la fluidité et l’élan. Le masque agit comme catalyseur de cette tension : il ralentit, amplifie, ou déplace le geste jusqu’à lui faire franchir ses propres limites. De cette friction entre disciplines naît une écriture où l’intime se révèle dans le corps : un tremblement, une retenue, un basculement suffisent à faire surgir l’invisible.

JOANNA BELLONI

Artiste pluridisciplinaire franco-britannique, passionnée par les arts du masque, le corps et le geste comme langage scénique. Formée au Conservatoire de Bordeaux Jacques-Thibaud (section danse et art dramatique), à l’Académie Théâtrale Pierre Debauche puis au Drama Centre London (Vladimir Mirodov, Glen Snowden, Liana Nyquist). Elle poursuit son apprentissage corporel au Théâtre Zô – école du geste, au Théâtre du Mouvement et à l’École Hippocampe Mime (Claire Heggen, Francine Alepin, Esther Mollo, Cie Moveo, Cie à Fleur de Peau (Denise Namura et Michael Bugdahn), Sylvia Cimino, Elisabeth Cecchi). Elle joue sous la direction de Pierre Debauche, Robert Angebaud ou encore dans le spectacle chorégraphique Clo Forever de Pierryck Vanneville. De 2009 à 2017, elle est artiste permanente au Théâtre Itinérant La Passerelle (Thierry Salvetti), où le masque, la transposition visuelle et corporelle dominent. En parallèle, elle se forme en immersion au Topèng (danse masquée balinaise) auprès de maîtres tels que I Gusti Aji Wegker, Jro Dalang Ketut Sariana et I Wayan Susana. Aujourd’hui, elle danse dans les temples balinais dans un cadre rituel vivant. Elle transmet cet art dans des stages à destinations des professionnels à l’ARTA (Cartoucherie de Vincennes), Ecole Hippocampe Mime, Ecole EVA à Paris. Elle collabore avec La Parade (Pierre Yvon), l’Agence de Voyages Imaginaires (Philippe Car, Valérie Bournet) et la Cie Ile Danse (Yvette Le Goff) en Guyane. En 2021, elle fonde la Compagnie Topèng, crée son premier solo “Anak Bali” (danse topeng) et interprète “Dialogue de Masques” avec Gladys Demba et Happy Goudou (performance danses masquées traditionnelles et recherches contemporaines - Bali - Guyane -Bénin). En 2026, elle crée “Touloulou, dialogue de masques” (soutenue par la DAC Guyane), qu’elle met en scène et chorégraphie et elle collaborera à une conférence dansée au coté de Chantal Loïal de la Compagnie Difékako.